texte=Son parcours professionnel Depuis 2000 > Installé à Montpellier, concentré sur la fabrication d’archets 1988-1999 > Luthier et archetier, directeur d’atelier à Paris 1987 > Stage de lutherie en atelier au Royaume Uni chez John and Arthur Beare à Londres 1986 > Apprentissage de l’archèterie en atelier chez Stéphane Thomachot à Paris 1985 > Stage de lutherie en atelier aux Etats Unis chez Hans Weisshaar à Los Angeles 1980 - 1984 > Apprentissage de la lutherie à l’Ecole de Mittenwald en Allemagne (3 ans 1/2 de cursus) -Historique rédigé pour l'ouvrage "Las archets français contemporain", de Pierre Guillaume et Guy Batifort- Lorsqu’en 1957 Jacques CAMURAT, récent lauréat du Concours de quatuors de Liège, installe son atelier dans les locaux d'une modiste, au 49 rue de Rome à Paris, il ne fait que suivre le mouvement de transformation profonde du quartier initié en 1911. C’est en effet cette année là que, chassé par l'administration des Postes de l'ancien hôtel des Menus plaisirs du Roi, faubourg Poissonnière, le Conservatoire national de musique, alors dirigé par le compositeur Gabriel Fauré, s’installe rue de Madrid. Dès lors, et tout au long du XXème siècle, en confirmation de l’adage - l'artisan suit le prince-, luthiers et facteurs d'instruments vont s’installer autour de son aire et coloniser le quartier de l’Europe. La famille de Jacques Camurat habite rue de Constantinople, un appartement qui surplombe la place de l'Europe. C’est là, entre le logement familial et l’atelier paternel de la rue de Rome, que grandissent les enfants, Bernard, Pascal et leur sœur Béatrice, au sein de ce monde de luthiers et d’archetiers qui en dessinent le paysage. A travers les vitrines de l'atelier paternel ils peuvent voir la maison de Charles. ENEL, le pionnier, tenue par sa veuve assistée de Frédéric BOYER. Plus loin dans la rue ils découvrent successivement celles de MILLANT-DEROUX, de BILLOTET fermée mais où réside encore sa veuve, et de Bernard MILLANT. En descendant vers la gare Saint Lazare, leur chemin croise celles de CHANOT-CHARDON et de Paul DESCHAMPS. Jean FRITSCH, lui, est rue de Liège, André DUGAD rue de Moscou et Etienne VATELOT rue Portalis. Enfin, rue de Madrid, se trouve Emile FRANÇAIS, luthier du Conservatoire national de musique, dont la maison est du lignage de LUPOT. En 1979, après sa réussite au baccalauréat, Pascal qui baigne depuis toujours dans cette ambiance de facteurs d’instruments prend la décision d’apprendre le métier de luthier. Après un début d’apprentissage de quelques mois dans l'atelier paternel, il va parfaire son Allemand à l'institut de langues Goethe de Munich. Il rejoint ensuite Mittenwald où, «dans la neige de Bavière », sous la direction de Roland SANDNER et d'Andreas FURST, il suivra pendant trois ans et demi les cours de l’Ecole de lutherie. Chaque semaine les apprentis luthiers doivent établir un rapport sur le travail effectué. Le dessin y tient une grande part, avec la représentation des travaux réalisés et des outils utilisés. Ce travail de fond, dans une langue étrangère, marquera profondément sa formation. Il obtiendra son diplôme en 1983. De 1984 à 1987 il alterne les séjours entre Los Angeles et Paris. Il rejoint dans un premier temps son frère Bernard qui travaille chez Hans WEISSHAAR, avant de venir le seconder quand celui-ci établit son propre atelier dans cette même ville. C'est durant cette période qu'il s'initie à l'archèterie grâce à Paul SIEFRIED, archetier autodidacte ayant travaillé lui aussi chez WEISSHAAR. En 1987, il effectue à Londres dans l’atelier de Charles BEARE un stage de sept mois qui complète sa formation. Il y côtoie notamment Peter GIBSON dont il admire le travail de restauration. Quand il rentre de Londres, en 1988, Pascal rejoint l'atelier paternel. C’est durant cette période qu’il fréquente Stéphane THOMACHOT, et tisse avec lui des liens d'amitié qui vont le conduire à effectuer, sous sa direction, un apprentissage complet d'archetier. De ces années passées à explorer les différents aspects de son métier, Pascal dit avec le sourire qu’elles correspondent à “ses humanités”, qu’il a ainsi parcouru le chemin nécessaire à l’apprentissage complet de son art. Quand leur père, Jacques CAMURAT, prend sa retraite en 1990, Bernard revient de Los Angeles et les deux frères prennent sa succession sous la raison sociale « CAMURAT Frères ». Avec le recul, Pascal pense qu'il aurait fallu à ce moment-là provoquer une rupture et établir son atelier, pour pouvoir créer une identité professionnelle propre à lui-même. Ce n’est finalement que dix ans plus tard,  en 2000, que les deux frères prennent dans ce but la décision de quitter Paris : Bernard part pour la Corse, où il fabrique les instruments du quatuor, Pascal pour Montpellier pour y produire des archets. Pascal va faire connaître son travail en exposant au salon International de la Musique de Frankfurt (Musikmesse). La reconnaissance est immédiate et les commandes suivent. Depuis cinq ans, il se consacre majoritairement à l'archèterie mais il nous confie qu’il aurait toujours autant de plaisir à construire un violon s’il en avait l’opportunité. Ses modèles s’inspirent des grands auteurs classiques du XIX° français et plus particulièrement de l’école de Peccatte. En général il travaille sur des petites séries, de un à trois archets construits en parallèle, aussi bien de violoncelle que de violon. Et si, comme il le confesse, “il a du mal à être dans la productivité”, il a néanmoins construit à ce jour plus de deux cent cinquante archets. Une Mention spéciale du Jury pour un archet de violoncelle en 1991 au Concours de la Ville de Paris et deux autres en 2004 pour un archet de violon et un de violoncelle, viendront récompenser la qualité de ce travail. Pascal Camurat s'inquiète aujourd'hui de l'avenir de l'école française. Il regrette qu'en France, hormis les bonnes volontés, il n'y ait rien de fait pour maintenir la tradition. Il considère que les échanges entre les diverses écoles, s'ils ont conduit à une amélioration globale de la qualité, ont par contre eu tendance à créer une certaine uniformisation, en réduisant les différences, gommant les particularités, même si les techniques ne sont pas identiques. Enfin, la voile occupe une place particulière dans sa vie, au point que s'il envisageait d'abandonner son métier, ce serait pour s'y consacrer. Régler un violon, c'est comme régler un bateau, il y a des règles qu'il faut connaître mais il faut surtout savoir y déroger”. Comme pour la facture instrumentale, l’équilibre est à trouver entre le respect de la tradition et la nécessaire innovation.